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Pourquoi je ne donne plus de nouvelles ?

J’aime croire à cette idée que la créativité se promène, comme un flow, au-dessus de nos petites têtes d’humains. Qu’elle se fraye un chemin, trace sa route, jusqu’au moment où elle déniche un petit morceau de notre âme, de notre corps, où elle se sent accueillie, et trouve alors un nid pour éclore, pour se déployer, pour donner la meilleure version d’elle-même.
J’ai de la chance. Cette créativité a rencontré mon âme dès la tendre enfance. Je lui ai laissé une place importante et j’essaye, du mieux que je peux, de prendre soin d’elle au quotidien.

 

Et s’il en était de même pour la passion ?
Si celle-ci avait trouvé une place de 1er choix, bien à l’abri, au plus profond de moi ?
Hélas, peut-être qu’il est plus difficile pour moi d’en prendre soin au même titre que la créativité ? Peut-être qu’elle n’est pas faite pour signer un bail de longue durée avec moi ?
Peut-être qu’elle a senti une brèche, un espace s’ouvrir, s’agrandir peu à peu ?
Et peut-être que de cette façon, elle s’est laissée porter dans les airs. S’est gonflée d’un nouvel air. S’est laissée pousser par un vent nouveau.
Peut-être qu’elle a décidé de poursuivre son voyage. Pour juste un petit bout de chemin. Ou pour une aventure plus longue, à la recherche d’un nouveau nid douillet où poser ses valises ? Je n’ai pas la réponse à toutes ces questions.
Mais ça me fait sourire d’imaginer cette passion prendre une pause, s’offrir un break, s’ouvrir à quelque chose de nouveau.
Je sens que la passion pour mon métier s’envole, et moi je reste là, les pieds bien enfoncés dans le sol.
Malgré tous mes doutes et mes interrogations, j’ai suffisamment confiance en mon âme, pour sentir que je serai, forcément, à nouveau prête, tôt ou tard, à accueillir à nouveau la passion. La passion de la couture, la passion du tissu, la passion pour les détails, pour les textures, … ou peut-être une autre, une passion différente, que je ne soupçonne pas encore et qui me surprendra.
Je sais que peu importe la passion, je suis capable de lui créer une place assez grande, assez confortable, assez accueillante, pour qu’elle s’y installe et donne le meilleur d’elle-même, comme les précédentes l’ont fait.
Et puis peut-être un jour, elle aussi se sentira portée par autre chose. Cette passion là aussi prendra le large et laissera une place à remplir.
La vie s’inscrit dans une éternelle mouvance.

 

Alors bien sûr qu’il est possible de poursuivre son chemin, de continuer une aventure, alors même qu’on sent sa passion s’éloigner, sa niaque, sa motivation suprême.
Bien sûr que ça doit être possible.
Mais moi je n’y crois pas. Pas pour moi. Pas pour ce genre d’aventure professionnelle où je crée avec mes tripes, où je communique avec mon cœur.

 

Continuer à publier les plus beaux clichés de coussins dans un décor ultra instagrammable, mais avec ce morceau de passion qui s’est décrochée de mon âme, ce serait mentir. Vous mentir. Me mentir. Alors peu importe que ce soit bien ou mal, courageux ou lâche, que ce soit le bon moment ou non, j’ai décidé, pour l’instant (et j’insiste sur le mot), de laisser la passion prendre l’air. De lui laisser aller faire un tour, celui qu’elle veut. J’ai décidé de lui foutre la paix.
Je suis convaincue qu’on sera en contact, de toute façon.

 

Néanmoins je me sens toujours autant une amoureuse des tissus, des jolies matières, des textures. Alors, en silence, je continue de créer un petit peu, dans mon atelier. Je crée de la même manière que je pratiquerais l’écriture spontanée dans mon carnet. Je crée sans trop réfléchir, très librement.
C’est comme si je me constituais une petite collection de pièces uniques.
Alors quand je me sentirai prête, je les partagerai avec vous.
Et d’ici là, la passion (peu importe soit-elle) aura peut-être fait toc toc toc à la porte de mon âme.

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